la Grèce dans l'euro en lui imposant de lourds sacrifices

Publié le par Belgat nazim

Pour Jean-Luc Mélenchon, François Hollande reste ainsi le complice du « bourreau Merkel ». Un avis partagé par le coordinateur politique du Parti de gauche, Eric Coquerel, pour qui il n'y a pas de quoi se réjouir. « Alexis Tsipras est obligé de négocier avec un pistolet sur la tempe qui est le blocus financier. Et on se retrouve avec un accord décidé finalement entre la France et l'Allemagne »

L'accord est radicalement antisociale. Outre les économies déjà réalisées, Athènes devrait encore tailler 1,8 milliard supplémentaire dans les pensions. Dans un pays où un quart de la population est au chômage, mais où 9 chômeurs sur 10 ne reçoivent aucune allocation, il est pourtant fréquent que plusieurs membres d’une même famille dépendent d’une seule maigre pension. 2,5 millions de Grecs vivent sous le seuil de pauvreté.

Mais, pour la Commission, cela ne suffit pas. Les prépensions doivent être supprimées le plus rapidement possible, tout comme l’aide sociale aux pensionnés à très bas revenu et aux moins valides (EKAS). Les salaires et comptes en banques des ménages incapables de payer leurs factures doivent pouvoir être plus facilement saisis.

Les institutions européennes et le FMI supprime le taux le plus bas de la TVA. Cela implique entre autres que la TVA sur les médicaments passerait de 6,5% à 11%, et la TVA sur l’électricité et l’eau pourrait donc à nouveau grimper à 23%.

Les privatisations prévues doivent être exécutées entièrement et le plus rapidement possible. Les ports du Pirée et de Thessalonique doivent être mis en vente d’ici fin octobre.

Alors que François Hollande cherche à se donner le bon rôle, celui du négociateur qui a réussi à obtenir cet accord, et voici qu'aujourd'hui le 14 Juillet 2015, il cherche par une baguette magique à nous faire croire que ces mesures ne sont pas antisociales.

Où est cette présidence de gauche?

"Moi je reste persuadé que François Hollande reste sur la même ligne libérale antisociale, donc il est bien en adéquation avec sa propre politique intérieure en France".

«Un accord laborieux»

Devant la presse, Jean-Claude Juncker a reconnu que parvenir à un tel accord avait été «laborieux», espérant que des négociations pourraient s'ouvrir «en fin de semaine» afin de le concrétiser.

D'ici là, le Parlement grec aura dû voter, au plus tard mercredi, les réformes, sévères et très impopulaires, réclamées par les créanciers, Union européenne et FMI, en échange de ce sauvetage.

Il s'agit notamment d'une hausse de la TVA, d'une réforme du système de retraites et du marché du travail, de privatisations et d'un mécanisme devant assurer l'indépendance de l'office des statistiques.

Les parlements de plusieurs pays, dont le Bundestag allemand, devront eux aussi se prononcer dans la semaine. «Quand ils auront fait cela, nous aurons alors une décision plus officielle» pour entamer les négociations, a souligné le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Beaucoup reste à faire

Mais si une étape majeure a été franchie après six mois de négociations tumultueuses entre le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras et ses partenaires européens, beaucoup reste à faire pour relancer l'économie grecque.

La chancelière Angela Merkel, inflexible vis-à-vis d'Athènes tout au long des discussions, a prévenu que la voie serait «longue» et «difficile» avant que la Grèce ne renoue avec la croissance. Le président français François Hollande, l'un des plus souples, a quant à lui salué le choix «courageux» d'Alexis Tsipras.

Depuis dimanche, les chefs d'Etat ou de gouvernement avaient négocié sans relâche dans ce marathon qui a fait apparaître au grand jour la fracture au sein du couple franco-allemand.

Lundi à l'aube, un compromis s'était dessiné, mais pas suffisant pour que le gouvernement grec plie, tandis que des milliers de tweets l'appelaient, sous le hashtag «Thisisacoup» (C'est un coup d'Etat), à résister aux «diktats» des créanciers.

Contrôle des capitaux

Les heures étaient de fait comptées pour la Grèce, soumise à un contrôle des capitaux et dont les banques sont fermées depuis le 29 juin. Mais pour beaucoup de Grecs, contraints désormais à vivre avec les 60 euros quotidiens qu'ils peuvent retirer dans les distributeurs, ce dénouement avait un goût amer.

«Une misère, une humiliation, un esclavage», commentait ainsi Haralambos Rouliskos, un économiste athénien âgé de 60 ans. «Je n'approuve pas cet accord. Ils essaient de nous faire du chantage», confiait Katerina Katsaba, une femme de 52 ans qui travaille pour une compagnie pharmaceutique. Avant d'ajouter, résignée : «J'ai confiance dans le Premier ministre. Les décisions qu'il prendra iront dans le sens de nos intérêts à tous».

Les Européens ont réussi à s'entendre pour tenter de renflouer la Grèce et la garder dans l'euro, en imposant des sacrifices énormes à ce pays, dont l'économie exsangue a besoin de toute urgence d'une aide transitoire.

Au terme de près de 48 heures de négociations aux allures de psychodrame ponctuées de coups d'éclat, de revirements, de fausses annonces, les dirigeants de la zone euro ont validé lundi matin un projet de troisième plan de secours pour Athènes, évalué à entre 82 et 86 milliards d'euros sur trois ans. La Maison Blanche a salué l'accord conclu entre la Grèce et les dirigeants de la zone euro, jugeant qu'il s'agissait d'un pas en avant important et "crédible" allant dans la bonne direction.

Cet accord éloigne le spectre d'une sortie désordonnée de la Grèce de la monnaie unique, même si les ministres des Finances l'avaient envisagée dimanche. "Le Grexit a disparu", a déclaré à l'AFP le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Mais les contreparties imposées à Athènes sont tellement dures que le gouvernement de gauche radicale aura peut-être du mal à le vendre aux Grecs.

Certains citoyens et sympathisants du gouvernement d'Alexis Tsipras en parlent comme d'une "humiliation" ou d'un "coup d'Etat", à l'image du #ThisIsACoup qui a fait florès sur Twitter.

M. Tsipras, acculé par l'effondrement progressif de l'économie grecque et des banques, a dû lâcher beaucoup, ce qui augure d'un vote délicat au Parlement grec qui doit valider le paquet d'ici à mercredi, faute de quoi l'offre tombe à l'eau.

Il sera ce jour-là sous la pression des fonctionnaires qui appellent à une grève de 24 heures contre un accord "antipopulaire".

Le Premier ministre a parlé quant à lui d'un "accord difficile". Moins diplomate, une source gouvernementale grecque disait dans la nuit: "avec un pistolet sur la tempe, toi aussi tu serais d'accord".

- Economie asphyxiée -

Car l'économie grecque, asphyxiée par les contrôles de capitaux mis en place depuis la fin juin pour éviter la mort des banques, est dans un tel état de délabrement que l'Eurogroupe s'est réuni lundi pour instaurer une aide transitoire devant permettre à la Grèce de faire face à ses besoins immédiats, évalués à 12 milliards d'euros d'ici à fin août.

Mais les ministres des Finances ont jugé l'opération "très complexe" et ont désigné un comité ad hoc qui doit vite trouver un montage.

En attendant cette manne, c'est une fois encore la Banque centrale européenne qui a maintenu Athènes à flot, comme elle le fait depuis des semaines, en prolongeant ses aides d'urgence aux banques grecques.

Le délai de la fermeture des banques grecques expirait lundi soir mais le gouvernement grec a décidé son prolongement jusqu'à mercredi, lors d'une nouvelle réunion prévue de la BCE sur la Grèce.

Conformément au plan validé lundi matin, le gouvernement grec doit maintenant faire voter en moins de 48 heures plusieurs lois réformant son économie s'il veut espérer pouvoir commencer à négocier en vue de toucher l'aide promise, dans plusieurs semaines.

Si le Parlement grec vote ces lois (hausse de la TVA, réforme des retraites, notamment) et s'il approuve le plan européen, les Parlements d'autres pays pourront voter pour autoriser leurs gouvernements respectifs à négocier le plan, soumis à de nombreuses autres conditions (nouvelles réformes, privatisations, etc).

Le Bundestag devrait ainsi voter vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel, à la tête du camp des durs qui n'auraient pas vu d'un mauvais oeil la Grèce éjectée de la zone euro, ayant de son côté prévenu que la voie serait "longue" et "difficile" avant que ce pays ne renoue avec la croissance.

Le président français François Hollande a quant à lui salué le choix "courageux" d'Alexis Tsipras.

Ce dernier a dû notamment céder sur l'un des principaux points de blocage: la création d'un fonds regroupant des actifs grecs à hauteur de 50 milliards d'euros pour garantir les privatisations promises.

Le fonds sera installé à Athènes et servira à recapitaliser les banques, au désendettement, mais aussi à des investissements.

- "Misère, humiliation, esclavage" -

Le gouvernement Tsipras aura fort à faire pour amadouer son opinion publique, à laquelle il avait promis de rompre avec l'austérité et les "diktats" des bailleurs de fonds.

Pour beaucoup de Grecs, ce dénouement avait un goût amer.

"Une misère, une humiliation, un esclavage", commentait ainsi Haralambos Rouliskos, un économiste athénien de 60 ans.

Les premières fissures dans Syriza sont déjà patentes. Un député de Syriza, Dimitris Kodelas, a indiqué lundi qu'il allait démissionné du groupe parlementaire après le vote au Parlement mercredi où il ne va pas approuver les nouvelles mesures.

Sur fond apparemment de désaccord avec les nouvelles mesures, le ministre adjoint aux Affaires européennes et député du parti de gauche radicale Syriza, Nikos Chountis, a démissionné lundi pour remplacer le député européen Manolis Glezos, figure emblématique de la Résistance grecque et doyen du Parlement, qui avait prévu de démissionner le 8 juillet, à la fin de sa première année de mandat.

Ce qui était moins prévu en revanche est qu'il soit remplacé par M. Chountis, qui était derrière M. Glezos sur la liste Syriza, étant son successeur naturel, mais comme il était ministre, la presse avait évoqué depuis juin un remplacement par un autre élu.

Vendredi, Nikos Chountis avait voté en faveur du principe d'une négociation à Bruxelles par Alexis Tsipras d'un nouveau prêt avec les créanciers mais il faisait aussi partie des 15 députés de Syriza annonçant qu'ils voteraient sans doute non aux mesures si elles étaient trop difficiles.

Ce vote doit a priori avoir lieu mercredi.

Une manifestation anti-rigueur du syndicat des fonctionnaires et de petits partis de gauche non représentés au Parlement a eu lieu lundi soir à Athènes, qui n'a rassemblé que 700 personnes, selon la police.

Les marchés financiers étaient soulagés, enregistrant des hausses sensibles mais pas spectaculaires, tandis que l'euro s'affaiblissait face au dollar.

Avec un pistolet sur la tempe, toi aussi tu serais d'accord

Or, les réformes à présent réclamées par les créanciers sont encore plus strictes que celles qui ont été rejetées massivement par 61% des électeurs au référendum du 5 juillet.

Pour se garder une marge de manoeuvre, le Premier ministre a dû se rapprocher de l'opposition, au prix de dissensions internes à son parti Syriza, ce qui laisse craindre une nouvelle crise politique.

«Avec un pistolet sur la tempe, toi aussi tu serais d'accord», a lâché, pour expliquer les concessions, une source gouvernementale grecque.

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