[Départementales2015] Marseille 4 : un canton populaire qui aiguise l’appétit du FN

Publié le par Belgat nazim

Le sortant socialiste Rébia Benarioua a le champ libre à gauche, mais sa réélection s’annonce périlleuse face à des candidats UMP et Front national conquérants.

Dans la grande diversité des configurations politiques des cantons de la cité phocéenne, celle de Marseille 4 fait figure d’exception. Situé à cheval sur les 14e et 15e arrondissements, il ne compte qu’un binôme à gauche de l’échiquier : celui du sortant socialiste Rébia Benarioua et d’Anne di Marino. Mis à part, le tandem « divers » Sam Ben ahmed-Rabiata M’madi, pas de candidat écologiste, pas de candidat communiste non plus dans ce canton fortement menacé par le FN. Un choix douloureux sur un territoire comprenant l’ancien canton de Notre-Dame-Limite, où Rébia Benarioua avait devancé en 2008 Joël Dutto, président du groupe communiste au conseil général durant de longues années. « Un choix de raison », résume-t-on à la fédération du PCF qui invoque le risque de voir l’extrême droite gagner de nouvelles positions et qui a par ailleurs vu d’un bon oeil le retrait de candidatures socialistes dans des cantons du département où les sortants sont communistes.

Un état de fait pour EELV où l’on affirme ne pas avoir été en mesure de présenter des candidats, même si Guy Bénarroche, secrétaire régional, affirmait début février : « il est clair que Rébia Benarioua fait partie de la mouvance socialiste-guériniste ».

En effet, le conseiller général sortant, actuellement délégué à la vie associative, est à la fois soutenu par le PS et la Force du 13, le mouvement lancé par Jean-Noël Guérini dont il a repris le slogan : « faire gagner les Bouches-du-Rhône ». Un mariage qui afflige les proches de Patrick Mennucci et de Marie-Arlette Carlotti qui siègent dans le même groupe que Rébia Benarioua au conseil municipal. Le niveau de défiance est tel entre socialistes, qu’en juin dernier à l’occasion de la désignation par les élus municipaux, des grands électeurs chargés de participer à l’élection des sénateurs, Rébia Benarioua avait été prié de présenter ses noms sur une liste distincte de celle du PS.

Comptant sur sa connaissance du terrain, le sortant fait campagne avec Anne di Marino sur le thème de « la proximité avant tout » pour l’emporter dans un scrutin à l’issue incertaine même s’ils ont le champ libre à gauche et ont ainsi limité les risques d’une élimination au premier tour.

L’UMP tente sa chance

Les candidats de l’UMP-UDI Bernard Susini et Marie Camélio espèrent profiter du contexte défavorable à la gauche pour tirer son épingle du jeu dans ce territoire populaire, acquis depuis des décennies à la gauche voire à la gauche rouge. Né en Algérie, cadre à Pôle emploi de profession, Bernard Susini a longtemps été adjoint au maire de Marseille et élu d’opposition dans le 15-16. Il tentent sa chance avec Marie Camélio, formatrice d’Italien à la Chambre de commerce et d’Industrie, en espérant bénéficier d’une « vague bleue », que leur chef de file, Martine Vassal, annonce à chacun de ses déplacements dans le département.

La partie est néanmoins difficile pour l’UMP qui subit la concurrence du tandem de Debout la France, Samir Ayadi et Simone Charin tandis que la concurrence est rude avec le Front national. La victoire de Stéphane Ravier dans les 13-14 a ouvert l’appétit du parti d’extrême droite qui envoie à la bataille Monique Farkas, fonctionnaire de la Poste et adjointe du maire de secteur lepéniste en charge de la propreté et de la santé. Elle fait équipe avec Paul Cupolati, manipulateur en radiologie, qui s’était pour sa part porté candidat lors des dernières élections cantonales dans le canton de Châteauneuf-les-Martigues.

Ils ont « l’espérance bleu marine » d’être élus à la faveur d’un haut niveau d’abstention et d’un climat politique délétère. C’est d’ailleurs sur des thèmes nationaux qu’ils battent campagne, relayant le discours de rejet des immigrés, des étrangers et plus largement de la différence. L’un de leur suppléant, David Duran, engagé au FNJ, se félicite ainsi d’avoir signé la charte de la Manif pour tous produite à l’occasion des départementales.

Dans cette élection à l’issue difficilement prévisible, avec eux en tout cas, le pire est certain.

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